Senteurs et couleurs...

Publié le par Edmée De Xhavée

Mes matins sont à nouveau baignés dans la nuit finissante, et secrets. Je me lève et m'habille sans bruit, caresse mes chats, salue Millie, protégeant jalousement le sommeil de mon époux. A la cuisine, mes compagnons à quatre pattes et moi nous laissons aller à quelques joyeuses extravagances moins silencieuses. Je chante en général une chanson idiote d'une voix nasillarde qui est supposée être celle de Teeshah. Chaque chat a sa "voix" et son vocabulaire, et seule Millie, grâce au ciel, se tait encore! Ce pauvre Teeshah est condamné à chanter d'interminables lalalères tandis qu'il se rengorge en clignant fièrement des yeux: il sait que quelque chose se passe entre lui et moi, et il adore ça!

Dehors, à l'arrière de la maison vers le bois, des trouées de lumière d'un bel orange ambré s'avancent en dansant dans le feuillage. Le plumetis gris de la queue d'un écureuil distrait le regard. Une feuille raccornie descend en piqué vers la pelouse fatiguée. Il a fait sec ces dernières semaines.

L'air se refroidit, accueillant la caresse des vents du Canada qui avance à grands pas dans son été indien. Quelle beauté! Le buddleia ploie sous le poids de ses grappes bleues qu'il dépose à terre, taquiné par le vol de bourdons et splendides papillons pendant les heures de soleil.

Le deck de bois se recouvre de feuilles mortes trop tôt: encore vertes, avec des bords brunâtres, ou jaunes et mouchetées de taches foncées. Mi-rougies, mi-séchées. La petite troupe de dindes sauvages - Lola et compagnie - me laisse de belles et grandes plumes rayées en hommage, plumes qui feront la joie de Connie qui s'est découverte une ascendance cherokee qu'elle soupçonnait et est passionnée d'artisanat indien.

A cinq minutes de voiture de chez nous, l'Eagle Rock Reservation nous offre les promenades du week-end avec Millie, promenades qui ont déjà l'odeur des champignons, de l'humus, de petits glands écrasés au sol. Voici plusieurs semaines qu'un groupe de biches et leurs jeunes s'y laisse voir sans trop de crainte, et nous observe, les oreilles bien déployées, et puis s'éparpille dans le bois en quelques bonds souples.


Millie, qui fait une promenade d'aspirateur, le nez collé au sol, ne remarque pas grand-chose! Les pistes serpentent, montent sur des plateaux rocheux, redescendent vers des rus asséchés, des ponts de grosses pierres, débouchent sur des routes de terre. Parfois, une étendue d'un vert vif, pur, tremble sous la brise. La Japanese stillt grass - microstegium viminea pour ceux qui aiment les précisions - délicate comme un coup de pinceau sur soie, envahissante comme un raz de marée. Elle nous est arrivée d'Asie et détruit la flore locale, étendant son joli kimono émeraude au sol, étouffant fougères et lychens de la forêt d'origine. Mais ... que c'est beau, cependant!

Les mûres ont séché sur les ronces, broyées par le soleil. Et pourtant les baies étaient pimpantes il y a quelques semaines, pointant leur petite tête dure d'un rouge acide encore timide et ourlé de vert.

Les barbecues sont toujours possible, et ce pour un bon mois. Et ce n'est pas le petit bois qui manque, ni les têtes de fleurs fanées. J'ai découvert cette année la marinade argentine chimichurri, fraîche et parfumée, et tout y a été baptisé sous le soleil, accompagné des succulentes tomates du New Jersey en salade au coriandre frais et d'épis de maïs bi-colore.

Ces dernières journées d'été s'étirent aussi tard qu'elles le peuvent encore, leurs ombres basses caressant la terre qui s'alanguit avant les grands éclats de couleurs de l'automne

Publié dans USA

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U
"Nez rouge honoraire" à 29 ans, c'est un peu jeune... Passe un bon week-end et à bientôt!
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E
<br /> :)<br /> <br /> <br />
U
Joyeux anniversaire avec un peu de retard! Je viens de mettre l'interview de ton amie Cathy Bonte sur mon blog. Je vais postuler comme attaché de presse de la Bande des Nez Rouges (rires!). A bientôt!
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E
<br /> Merci de tes voeux! J'espère bien que comme cadeau, une caravane de romanichels va s'arrêter sur mon seuil!<br /> <br /> Oui, tu as raison, je pense que tu devrais même devenir nez rouge honoraire!<br /> <br /> <br />
L
De belles images qui me rappellent un long séjour dans le New Hampshire en automne 1979...<br /> <br /> Et puis c'est bien le jour de te souhaiter un heureux anniversaire !<br /> <br /> Bisous, Chère Edmée
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E
<br /> Mais oui, cher Louis, c'est bien le jour J! Merci de tes voeux et de tes souvenirs New England!<br /> <br /> <br />
C
Aah, Edmée, pendant un moment, il n'y a plus eu d'océan qui nous séparait, et je me promenais dans les bois avec toi et Millie, découvrant la flore et la faune du New Jersey. Tu m'as fait rêver, merci !
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E
<br /> Je t'avouerai que j'écris un peu pour m'en souvenir quand je serai de retour dans la mère patrie, car la pluie... je ne me réjouis pas du tout de la retrouver! Alors faut prendre des notes!!!!<br /> <br /> <br />
B
Je commence à en avoir ras la patate de te voir écrire si bien... à chaque fois, je me dis que je n'y arriverai jamais.<br /> <br /> Un peu comme quelqu'un qui jogge avec un ami plus rapide que lui...<br /> <br /> Fais moi plaisir, rédige moi qqch de banal, rien qu'une fois.
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E
<br /> Boob, tu fais le modeste! J'ai lu sur ton website une critique de quelqu'un qui, justement, insiste sur le style que tu as, et dont tu proclames être dénué! Fais pas ton  modeste<br /> (hèh! pompom..) et admets que ton écriture accroche et séduit, rien à voir avec les histoires américaines ou ce n'est que de l'action et les seules descriptions sont sur le temps qu'il fait et<br /> si la bimbo est blonde, grosse ou vieille... Maintenant, ceci dit....Merciiiiii!<br /> <br /> <br />