Dernière fois?
Une dernière visite à New York …
Alors oui, ces temps-ci sont pour moi ceux des dernières fois probables. On ne sait jamais. Mais malgré tout, la saveur des dernières fois en est bien une.
Je suis donc allée à New York. Ce que nous appelons New York et qui n’est que l’un de ses quartiers : Manhattan. Que maintenant je connais bien jusqu’à la première moitié de Central Park pour y avoir musclé mes mollets plus d’une fois. Cette fois-ci n’a pas été moins athlétique. J’ai fait, en tout, l’équivalent de 62 rues à pied, zigzaguant entre plusieurs avenues.
Pour une fois… il faisait même presque printanier, enfin !
Des jonquilles partout, même dans les vases ornant les calèches de Central Park. Des senteurs : l’odeur un peu salée de la sueur des chevaux, celle trop sucrée de beignets vendus dans la rue ; le déconcertant mélange des parfums dont la haie de vendeuses habillées comme pour le bal de Monaco vous mitraille à votre entrée chez Saks ; des effluves de pizza, de pots d’échappement, de transpiration, de poubelle, de passantes tombées dans le Chanel numéro 5…
On faisait la farandole sur la patinoire, et les jonquilles réunissaient la 5th Avenue à la base du Rockfeller Center d’un trait jaune et eau vive. Les taxis montaient et descendaient dans toutes les directions. Les devantures des magasins chantaient le printemps – et appelaient l’argent.
J’étais heureuse, les mollets agonisants mais embrassant tout du regard… Après tout, supposais-je, c’est sans doute la dernière fois. Tiens, j’étais même amoureuse, tant qu’à faire ! A midi j’ai mangé au Madison Bistro, sola soletta comme on dit en Italie, et c’est bon d’être sola soletta parfois ! Et en plus, au Madison Bistro, je n’étais pas seule : comment pourrait-on sentir la solitude quand on vous sert pour patienter du bon pain avec une vraie croûte qui craque sous la dent, du beurre qui, oh merveille, goûte même le beurre ? Le bon beurre, comme disait ma mère… Et du Crémant de Bourgogne, hein… ? Et des linguine aux jeunes calamars dans une sauce à l’encre, hein ? Et le dessert eh bien je ne vous en parlerai pas, laissez-moi quelques secrets et allez-y donc quand vous serez de passage…
Puis j’ai rencontré l’amie de la fille d’une amie, oui, c’est aussi simple et compliqué que ça, une jeune actrice Italienne qui suit des cours d’art dramatique à New York. Elle, plus jeune que moi mais aussi déterminée à bien visiter la ville, elle habite dans la 101ème rue et va à pied à ses cours dans la 27ème !
J’étais épuisée… mais que cette dernière visite sola soletta m’a donc plu…