Maison...
Le bon logis qu’elle a donc été, cette maison, pendant les 7 années où elle fut notre toit. Nous l’avions choisie parce qu’elle était adossée au bois, dans un quartier tranquille, pas trop grande. Trop chère mais on n’y pouvait rien. C’était ça ou l’appartement à $1.200 par mois, avec les voisins rappeurs et les klaxonneurs fous du samedi soir. Sans compter le concierge bosniaque qui battait sa femme et volait l’électricité des locataires pour alimenter son petit atelier secret dans la cave.
Le quartier et la rue...
Rien de bien particulier à en dire de l’extérieur. Pas de caractère, pas de recherche. Le Castor – vieux célibataire avant de me rencontrer - s’accommodait de choses assez hideuses dont d’autres s’étaient débarrassés chez lui. J’ai décapé une commode qu’on lui avait ainsi donnée et qui n’a pas trop mauvaise allure depuis. Au point que nous pensons la reprendre, lui faire traverser l’Océan et la naturaliser belge. Ikea nous a fourni les rares choses achetées, mais pour le divan nous avons craqué pour un divan italien de cuir paille à pieds. Car ici, les divans et fauteuils descendent sans aucune grâce jusqu’au sol. Le style catafalque.
En arrivant dans la maison nous avons trouvé une horreur que les anciens propriétaires nous avaient laissée : un bureau de sapin. Je l’ai aussi déshabillé de son vernis « façon chêne » et l’ai revêtu d’une tranche de Mexique et d’un parfum de mariachis. Il est promu meuble à alcool, nappes et serviettes.
Le mur du coin repas est recouvert de planches de cèdre. Un joli bois veiné et tendre. Mais on l’avait peint plusieurs fois sans jamais le décaper, au point qu’il ressemblait à un mur imitation planches d’une couleur taupe absolument sinistre dans cet angle plein nord. Là aussi j’ai mis mes muscles à contribution et enlevé les généreuses couches de peinture et ai enfin pu caresser la texture si belle du cèdre, et l’ai recouvert d’une lasure. Il respire sous ce voile moutarde qui lui fait croire à un soleil qui ne le rencontre jamais. Et pour compenser au manque d’appuis de fenêtres, j’ai mis des étagères dissemblables. How ugly, diront certainement les candidats acheteurs de la maison, car ils aiment les rideaux à volants, le sanitisé, le old English style ou les salons catafalque avec une table à café mini sarcophage.
Mais ce que nous aimons, c’est le jardin. Je ne reviendrai pas sur mon zoo, mais le petit bois, ah le petit bois qui abrite le zoo, on ne peut pas ne pas l’aimer. Hiver comme été, il respire près de nous, nous isole, nous protège de sa pente feuillue. Et ayant planté pas mal de fleurs autant pour leur beauté que pour leur utilité à rendre la chasse de notre chat plus ardue, les papillons et bourdons se bousculent enfin ! Un jardin qui sent bon, et pas seulement les odeurs raffinées des lys, mais aussi la menthe et la citronnelle, l’arrogante senteur de la lavande, et puis …. l’haleine de l’herbe après la pluie. Le bruit des gouttes glissant sur les feuilles des chênes et érables, pour s’enfoncer dans le sol assoiffé, et l’absolue fraîcheur qui s’en élève … c’est quelque chose que j’emporterai loin dans ma vie, je le sais !